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L'hyperphagie au masculin

L'hyperphagie au masculin

Auteur Marc Dugenie

Auteur validé par LetsTOlk
Marc Dugenie

- Psychologue clinicien

- Préparateur mental

- Accompagnateur sportifs et clubs

- Auteur de livres spécialisés

Publication : 10/12/2023

9 min

Vous vous demandez si vous souffrez d’hyperphagie ou peut-être lisez-vous cet article en pensant à un proche ?

Il vous arrive de temps en temps d’engloutir de grandes quantités de nourritures ? Vous avez peut-être déjà entendu parler de trouble du comportement alimentaire (TCA), d’hyperphagie boulimique, de boulimie, mais tous ces termes vous perdent. Vous aimeriez simplement pouvoir y voir plus clair sur votre situation, comprendre s’il y a un problème ou non. 

Cet article devrait vous permettre de comprendre ce qu’est l’hyperphagie et quelles sont ses causes. Mais aussi de pouvoir la diagnostiquer et comprendre comment la traiter.

📕 Définition : hyperphagie

L’hyperphagie est un trouble du comportement alimentaire qui consiste à absorber de grandes quantités de nourriture, rapidement.

Il est important de préciser que cette absorption ne se fait pas particulièrement par amour de la nourriture ni par besoin vital. Les hyperphages ne sont pas de fins gourmets. Lors de crises ils sont capables de manger tout ce qui leur passe sous la main. Ces crises se font de manière régulière.

Les personnes souffrant d’hyperphagie comme de boulimie mangent trop et toujours sous forme de crise se manifestant par un besoin frénétique de manger. La distinction entre les deux réside dans le fait que le boulimique a pour habitude d’évacuer son trop-plein de nourriture par les vomissements, la pratique du sport, de régimes ou encore la prise de laxatifs.

L’individu souffrant d’hyperphagie peut éprouver du remord tout comme le boulimique après avoir mangé. Toutefois, cela ne s’accompagne pas de comportements pour éliminer le poids s’associant à l’absorption de nourriture.

Au cours de leur vie, environ 3,5% des femmes seront touchées par l’hyperphagie et 2% des hommes. Si vous cherchez à en savoir plus sur les troubles du comportements alimentaires, vous verrez que les femmes se sont emparées de ce sujet bien plus que les hommes. Articles de blog, vidéos YouTube, compte Instagram parlant de troubles du comportement alimentaire (TCA), quasiment tous ces contenus sont produits par des femmes.

Pourtant, les hommes sont eux aussi touchés. Le youtubeur PaoloZ en parle très bien dans sa vidéo « J’ai une maladie de meuf ». D’ailleurs, l’hyperphagie est sûrement le TCA dont les hommes sont les plus atteints.

Diagnostic de l’hyperphagie

Diagnostic hyperphagie

Photo de National Cancer Institute sur Unsplash

Il nous arrive à tous de nous mettre à table et de manger énormément. Alors, qu’est-ce qui distingue l’hyperphage du bon vivant ?

D’après le DSM-V, le manuel diagnostique et statistique des troubles de santé mentale, les points suivants doivent être remplis pour être diagnostiqué d'hyperphagie :

👉#1 - 2 symptômes obligatoires :

  • Les crises de boulimie se produisent, en moyenne, au moins 1 fois/semaine pendant 3 mois

  • Les patients ressentent un sentiment de manque de contrôle sur l'alimentation

👉#2 - 3 ou plus des points suivants doivent être présents :

  • Manger beaucoup plus rapidement que la normale

  • Manger jusqu'à se sentir mal à l'aise

  • Manger de grandes quantités de nourriture sans ressentir physiquement la faim

  • Manger tout seul à cause de la honte

  • Ressentir du dégoût, se sentir déprimé ou coupable d'avoir trop mangé

Il n’existe à ce jour pas de test concernant l’hyperphagie. Toutefois, ce trouble est très proche de la boulimie. Il n’est pas rare que certains individus se pensant boulimiques souffrent d’hyperphagie ou inversement.

Pour savoir si vous êtes boulimique, faites le test suivant. Celui-ci présente toutefois des limites puisque c’est une autoévaluation. Essayez d’être le plus honnête possible envers vous-même lorsque vous répondrez. Le résultat à ce test ni aux critères donnés précédemment ne pourront pas faire office de diagnostic. Pour obtenir un diagnostic, consultez votre médecin.

Test : êtes-vous hyperphagique ?

Test hyperphagie

Photo de Nguyen Dang Hoang Nhu sur Unsplash

Le test BULIT : BULIMIA TEST

1 - Mangez-vous parfois de manière incontrôlée jusqu’à vous gaver ?

  1. Une fois par mois ou moins (ou jamais)

  2. 2-3 fois par mois

  3. Une ou deux fois par semaine

  4. 3 à 6 fois par semaine

  5. Une fois par jour ou plus

2 - Je suis satisfait de mon rapport à l’alimentation

  1. D’accord​ / Neutre

  2. Plutôt en désaccord

  3. En désaccord

  4. Fortement en désaccord

3 - Avez-vous déjà continué de manger jusqu’à penser que vous alliez exploser ?

  1. Pratiquement à chaque fois que je mange

  2. Très fréquemment

  3. Souvent

  4. Parfois

  5. Rarement ou jamais

4 - Actuellement, vous définissez-vous comme un mangeur compulsif ?

  1. Oui, tout à fait

  2. Très souvent

  3. Souvent

  4. Parfois

  5. Rarement ou jamais

5 - Je préfère manger

  1. Seul à la maison

  2. À la maison avec d’autres personnes

  3. Dans un restaurant

  4. Chez des amis

  5. Cela n’a pas d’importance

6 - Ressentez-vous avoir du contrôle sur la quantité de nourriture que vous consommez ?

  1. Toujours 

  2. La plupart du temps

  3. Parfois

  4. Rarement

  5. Jamais

7 - J’utilise des laxatifs ou suppositoires pour m’aider à contrôler mon poids

  1. Une fois par jour ou plus

  2. 3 à 6 fois par semaine

  3. Une à deux fois par semaine

  4. 2 à 3 fois par mois

  5. Une fois par mois ou moins (jamais)

8 - Je mange jusqu’à ce que je me sente trop fatigué pour continuer

  1. Au moins une fois par jour

  2. 3 à 6 fois par semaine

  3. Une ou deux fois par semaine

  4. 2 à 3 fois par mois

  5. Une fois par mois ou moins

9 - À quelle fréquence mangez-vous de la glace, des milk-shakes ou des gâteaux durant vos crises ?

  1. Toujours

  2. Fréquemment

  3. Parfois

  4. Rarement ou jamais

  5. Je n’ai jamais de crise

10 - À quel point êtes-vous préoccupés par vos crises boulimiques ?

  1. Je n’ai jamais de crises

  2. Cela me préoccupe un peu

  3. Moyennement préoccupé

  4. Très préoccupé

  5. C’est la plus grosse préoccupation de ma vie

11 - Mes proches seraient choqués s'ils savaient toute la nourriture que je consomme 

  1. Sans aucun doute

  2. Très probablement

  3. Probablement

  4. Potentiellement

  5. Non

12 - Avez-vous déjà mangé jusqu’à vous en rendre malade ?

  1. Toujours 

  2. La plupart du temps

  3. Parfois

  4. Rarement

  5. Jamais

13 - J’ai peur de manger les aliments dont je sais que je ne pourrais plus m’arrêter

  1. Toujours 

  2. La plupart du temps

  3. Parfois

  4. Rarement

  5. Jamais

14 - Je ne m’aime plus après avoir trop mangé

  1. Toujours 

  2. La plupart du temps

  3. Parfois

  4. Rarement

  5. Jamais

15 - À quelle fréquence vomissez-vous intentionnellement après avoir mangé ?

  1. 2 fois ou plus par semaine

  2. Une fois par semaine

  3. 2 à 3 fois par mois

  4. Une fois par mois

  5. Moins d’une fois par mois (ou jamais)

16 - Laquelle de ces phrases décrit le mieux vos sentiments après avoir beaucoup mangé ?

  1. Je ne mange jamais énormément

  2. Je me sens ok

  3. Je suis un peu énervé contre moi-même

  4. Je suis très énervé contre moi-même

  5. Je me déteste

17 - Je mange beaucoup de nourriture même lorsque je n’ai pas faim

  1. Toujours 

  2. La plupart du temps

  3. Parfois

  4. Rarement

  5. Jamais

18 - Ma relation à la nourriture est différente de la plupart des individus

  1. Toujours 

  2. La plupart du temps

  3. Parfois

  4. Rarement

  5. Jamais

19 - J’ai essayé de perdre du poids par des régimes

  1. Pas sur l’année écoulée

  2. Une fois sur l’année écoulée

  3. 2 à 3 fois dans l’année écoulée

  4. 4 à 5 fois dans l’année écoulée

  5. Plus de 5 fois dans l’année écoulée

20 - Je me sens mal après avoir mangé plus que ce que j’avais planifié

  1. Toujours 

  2. La plupart du temps

  3. Parfois

  4. Rarement

  5. Jamais

21 -  En crise j’ai tendance à manger de la nourriture grasse et/ou sucrée

  1. Toujours 

  2. Presque toujours

  3. Fréquemment

  4. Parfois

  5. Rarement ou je n’ai pas de crise

22 - Par rapport à la plupart des gens, ma capacité à contrôler mes habitudes alimentaires semble être

  1. Meilleure que celle des autres

  2. Semblable

  3. Moins forte

  4. Beaucoup moins forte

  5. Je n’ai absolument aucun contrôle

23 - Je me définis comme étant un mangeur compulsif

  1. Tout à fait

  2. Oui

  3. Plutôt oui

  4. Possiblement

  5. Non, plutôt pas

24 - Si je mange trop la nuit, je me sens déprimé le lendemain

  1. Toujours

  2. Souvent

  3. Parfois

  4. Rarement ou jamais

  5. Je ne mange jamais la nuit

25 - Pensez-vous qu’il est plus facile pour vous de vomir que pour la plupart des individus ?

  1. Oui, ce n’est pas un problème pour moi

  2. Oui, c’est plus facile

  3. Oui, un peu plus facile

  4. Pareil que les autres

  5. Non, ça n’est pas plus facile

26 - J’ai l’impression que la nourriture contrôle ma vie

  1. Toujours

  2. Presque toujours

  3. Souvent

  4. Parfois

  5. Rarement ou jamais

27 - Je me sens déprimé immédiatement après avoir trop mangé

  1. Toujours

  2. Souvent

  3. Parfois

  4. Rarement ou jamais

  5. Je ne mange pas trop

28 - À quelle fréquence vomissez-vous dans le but de perdre du poids, après avoir mangé ?

  1. Moins d’une fois par mois (ou jamais)

  2. Une fois par mois

  3. 2-3 fois par mois

  4. Une fois par semaine

  5. 2 fois ou plus par semaine

29 - Quand vous consommez une grande quantité de nourriture, à quelle vitesse la mangez-vous ?

  1. Plus rapidement que la plupart des gens ne mangeront jamais dans leur vie

  2. Beaucoup plus rapidement que la plupart des gens

  3. Un peu plus rapidement que la moyenne

  4. Pareil que la plupart des gens

  5. Plus lentement que la plupart des gens

30 - Comment pensez-vous que votre appétit puisse être comparé à la plupart des gens

  1. Il est deux fois plus élevé ou plus

  2. Beaucoup plus élevé

  3. Un peu plus élevé

  4. Pareil

  5. Un peu plus maigre

Comptez votre score

Pour chaque question la réponse cochée équivaut à un score :

  • Réponse 1 : 5 points

  • Réponse 2 : 4 points

  • Réponse 3 : 3 points

  • Réponse 4 : 2 points

  • Réponse 5 : 1 point

 

Toutefois, pour les questions 1, 2, 6, 10, 16, 19, 22, 28 cette cotation est inversée :

  • Réponse 1 : 1 point

  • Réponse 2 : 2 points

  • Réponse 3 : 3 points

  • Réponse 4 : 4 points

  • Réponse 5 : 5 points

Après avoir effectué cette cotation, additionnez le score de l’ensemble de vos réponses.

 

👉 Si ce score est supérieur ou égal à 85 cela signifie que vous souffrez de crises d’hyperphagie et/ou êtes boulimique.

Bien entendu faites confirmer ce résultat par un professionnel de santé, comme votre médecin par exemple.

Ne voyez pas ce test simplement comme une case dans laquelle on vous rangerait. Tout n’est pas noir ou blanc il y a des nuances. Par exemple, si vous obtenez un score supérieur à 70 ; bien que vous ne soyez pas défini comme boulimique par ce test, vous devriez revoir votre rapport à la nourriture.

Traitement de l’hyperphagie

Traitement hyperphagie

Photo de Marek Piwnicki sur Unsplash

Après avoir passé le test ou examiné les critères présentés ci-dessus vous vous dites peut-être qu’il serait intéressant de changer votre rapport à la nourriture.

Vous devriez commencer par en parler à votre médecin traitant, car la prise en charge de l’hyperphagie est systémique.

Vous pouvez également aller voir un nutritionniste, celui-ci pourra vous donner des conseils pour mieux gérer votre alimentation. Il pourra par exemple vous conseiller de vous auto-imposer de ne manger qu’en présence d’autres personnes.

Toutefois, le volet le plus important de la prise en charge concerne ses causes profondes, celles de notre psychologie. Pour traiter il sera donc primordial que vous alliez consulter un psychologue.

Psychologie, gestion des émotions et intelligence émotionnelle

Les crises d’hyperphagie arrivent fréquemment lorsque l’individu ressent de l’anxiété, de la tristesse ou de la solitude. La nourriture est pour lui une manière de gérer ses émotions. Du point de vue symbolique c’est comme s’il cherchait à se remplir pour combler un manque.

On dit souvent que les personnes souffrant d’hyperphagie ou de boulimie « mangent leurs émotions ». Leurs crises sont pour eux une manière de gérer leurs émotions. En travaillant avec un psychologue sur le développement de leur intelligence émotionnelle, ils pourront apprendre d’autres manières plus fonctionnelles de gérer leurs émotions.

Le poids des hyperphages (plus élevé que la moyenne) peut être l’une de leurs préoccupations. À partir de là s’installe un cercle vicieux. Pour gérer leur inquiétude par rapport à leur poids les individus souffrant d’hyperphagie auront tendance à manger plus que de raison. Cela ne fera qu’aggraver le problème.

L’hyperphagie est un trouble difficile à vivre. Il est entouré de beaucoup de culpabilité, de cachoteries. La culpabilité après une crise ne fait que de baisser l’estime de soi de la personne. Cette baisse de l’estime de soi a tendance à rendre les personnes encore plus critiques envers elles-mêmes et à ressentir plus de culpabilité. Encore un cercle vicieux.

Ces cercles vicieux font de ce trouble une sorte de sable mouvant duquel il est très difficile de sortir seul. Si vous souffrez d’hyperphagie ou de boulimie, allez consulter des professionnels de santé : médecin, nutritionniste, psychologue.

L’un des enjeux principaux de la lutte contre l’hyperphagie ne réside pas uniquement dans l’importance de lutter contre le trouble en soi. Il en va de la santé globale de l’individu. 

Nous savons que l’obésité entraîne de nombreuses comorbidités. Réussir à se défaire de son hyperphagie réduit les chances de devenir obèse et donc de souffrir de toutes les maladies pouvant être associées à l’obésité.

S'il s'agit avant tout d'une question de santé mentale, sur le long terme cela devient également une question de santé physique.

Le retex du psy

Le retex du psy

Photo de Marek Piwnicki sur Unsplash

Profil de "Jean-Michel"

Jean-Michel est un homme de 45 ans qui habite une ville de 100 000 habitants. Après la lecture d’un article sur internet au sujet de l’hyperphagie ainsi que des nombreux problèmes de santé que peuvent entraîner le surpoids, il a décidé de consulter un spécialiste.

 

Il a déjà tenté de nombreuses fois de faire des régimes. Il est parvenu à chaque fois à perdre du poids, mais l’a toujours repris.

Si cela ne tenait qu’à lui, Jean-Michel serait à l’aise avec son poids. Ce qui lui pose problème c’est le regard des autres. Dans son cas se joue notamment le regard de son père. En effet, son père est un homme très musclé et qui a toujours été dur envers Jean-Michel. Enfant, il lui arrivait souvent de traiter son fils de « petit gros » ou de lui répéter d’aller courir pour faire fondre toute cette graisse.

Sa relation avec son père est conflictuelle. Jean-Michel ne cesse de se comparer à l’image de son père. Il voudrait avoir le corps musclé et svelte de son père. D’un autre côté, il souhaite éviter de ressembler à ce personnage qui lui fait tant de mal. Jean-Michel veut perdre du poids mais il ne veut surtout pas ressembler à son père. Un paradoxe se joue en lui.

Son comportement alimentaire est perturbé. Il préfère éviter de faire la cuisine quand il le peut. Il mange de grande quantité de nourritures très rapidement et en cachette. Ses crises ont lieu surtout lorsque sa compagne n’est pas la et souvent la nuit. Il ne vomit jamais et ne cherche pas non plus à faire de sport pour perdre ce poids. Toutefois, il éprouve une grande culpabilité et se sent honteux après chaque crise.

Objectifs thérapeutiques

L’objectif de Jean-Michel est de perdre 14 kilos et d’être capable de se maintenir à ce poids, ce qu'il n'a jamais réussi.

 

Cela passera par la réduction/suppression de ses crises d’hyperphagie. Pour parvenir à réduire ses crises, il faudra faire un travail autour de l’estime de soi de Jean-Michel. 

Ce qui déclenche ses crises peut être la comparaison avec son père ou encore le sentiment de solitude. C’est lorsque ses pensées sont orientées vers l’un de ces deux sujets qu’une crise aura tendance à se déclencher.

En effet, s’il a le besoin de se comparer à son père et qu’il n’est pas à l’aise avec la solitude c’est à cause d’une estime insuffisante. L’amour de soi, l’image de soi ainsi que la confiance en soi seront à travailler en séance. Nous décidons ensemble de commencer un suivi à raison d’une séance par semaine.

Plan d’action

La thérapie de Jean-Michel sera effectuée en utilisant la thérapie cognitivo-comportementale.

 

Nous prévoyons une thérapie pouvant suivre à peu près cette trame :

  • Phase d’observation et de diagnostic (2 séances).

  • Phase de traitement proprement dit et travail sur l’estime de soi (10 séances).

  • Phase de suivi qui vise à éviter les rechutes. Les rendez-vous sont plus espacés, la période devra durer jusqu’au fêtes de fin d’année, période où le risque de rechute est accentué (3 séances).

Nous allons notamment utiliser les jeux de rôles et le carnet de suivi alimentaire :

Jeux de rôle

Les jeux de rôle effectués en séance permettront notamment de travailler l’affirmation de soi.

 

Préliminairement à ceux-ci Jean-Michel devra apprendre à identifier ses émotions ainsi que ses besoins. Ensuite, les jeux de rôles l’entraîneront à exprimer ses émotions ainsi que ses besoins pour être capable de faire preuve d’affirmation de soi.

Mis en application dans son quotidien, ils lui permettront de sortir de la position du petit garçon dans laquelle il reste enfermé vis-à-vis de son père.

 

Voici un exemple de conversation qu’ils ont pu avoir après le travail effectué avec Jean-Michel sur l’affirmation de soi :

- Père : "Alors, c’est quand que tu te mets au sport ?"

- Jean-Michel : "Je remarque que mon poids te gène. Cela me blesse de voir que tu ne m’acceptes pas pleinement tel que je suis. J’aimerais que tu ne fasses plus d’allusion à mon poids en ma présence. Est-ce que tu pourrais faire ça ?"

-Père : "Ah désolé je ne pensais pas que ça te touchait, c’est un peu ma manière d’être tu sais de faire comme ça, mais je vais essayer de ne plus t’en parler."

- Jean-Michel : "Merci papa"

En plus des jeux de rôles qui permettent l’amélioration de l’affirmation de soi, des techniques d’entretien tels que le recadrage et la restructuration cognitive seront utilisés pour améliorer la confiance en soi ainsi que l’amour de soi de Jean-Michel.

En effet, il a tendance à être trop exigeant envers lui-même, c’est pour cela qu’il ressent énormément de culpabilité après chacune de ses crises.

L’exigence et le perfectionnisme exacerbé est un des schémas qu’il reprend du mode de fonctionnement de son père qui était à la fois difficile envers lui-même, mais aussi envers son fils.

Ainsi, l’estime de soi de Jean-Michel sera soutenue de manière globale par l’entretien ainsi que les jeux de rôles.

Carnet de suivi alimentaire

Dans le carnet de suivi alimentaire, Jean-Michel doit noter :

  • Ses émotions lors du repas

  • Ses pensées lors du repas

  • Utiliser un mot pour qualifier sa faim avant le repas

  • Utiliser un mot pour qualifier sa faim après le repas

Le but n’est absolument pas de compter les calories ingérées ou de contrôler la nourriture. Au contraire, ce sont des comportements qui favorisent la survenue des TCA. Ici l’objectif est d’observer ses pensées et ses émotions vis-à-vis de la consommation de nourriture.

L’analyse du carnet a permis de constater que ses crises d’hyperphagie sont déclenchées lors de fortes émotions, tant des émotions agréables que désagréables. En séance, des techniques de gestion des émotions dont entre autres la cohérence cardiaque ont été vues pour aider Jean-Michel à retrouver un état émotionnel plus stable.

Il lui a aussi été conseillé d’utiliser d’autres techniques comportementales de gestion des émotions telles que la marche, de prendre un bain/douche ou encore d’écouter de la musique.

Masculinité et hyperphagie

Masculinité et hyperphagie

Photo de Alan Hardman sur Unsplash

Vous l’avez compris, l’une des causes qui sous-tendent l’hyperphagie dans la plupart des cas est la gestion des émotions.

Toutefois, il est à noter que cela peut faire également référence à de plus graves troubles tels que des traumatismes.

Les hommes et les femmes ne sont pas égaux quant à leurs stratégies de gestion des émotions. Les femmes ont plus tendance à partager leurs émotions et à être dans la recherche de soutien social que ne le sont les hommes.

À l’inverse, ces derniers ont plus tendance à cacher ou à supprimer leurs émotions.

Or, en psychologie on dit souvent que tout ce qui ne s’exprime pas s’imprime. Toute émotion qui n’est pas exprimée ou plutôt qui est cachée / supprimée créera un déséquilibre en nous. Globalement les femmes ont des compétences émotionnelles plus élevées que les hommes.

La plupart du temps, pour apprendre à mieux gérer leurs émotions les hommes doivent apprendre à accepter ces dernières. Ils doivent vivre leurs émotions plutôt que de les mettre sous le tapis. Ainsi, ils arrêteront de faire grossir en eux la montagne des déséquilibres causés par tout ce qui a été imprimé plutôt qu’exprimé.

Conclusion

Conclusion hyperphagie

Photo de Jaco Pretorius sur Unsplash

Si vous êtes un homme, il n’y a aucune honte à souffrir de troubles du comportement alimentaires. La première étape pour vous en sortir sera de le reconnaître puis d’aller consulter des professionnels de santé : médecin, nutritionniste, psychologue.

Faites le test pour mieux comprendre votre relation à la nourriture.

Vos stratégies de gestion des émotions, mais aussi de potentiels traumatismes seront des facteurs sur lesquels vous pourrez travailler auprès d’un psychologue. Pour venir à bout de l’hyperphagie, vous allez devoir faire face à ses causes profondes.

Sources :​​

  • Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders, Fifth Edition Text Revision, DSM-5-TR

  • Smith, M. C., & Thelen, M. H. (1984). Development and validation of a test for bulimia. Journal of Consulting and Clinical Psychology, 52(5), 863–872. https://doi.org/10.1037/0022-006X.52.5.863

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