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Dans un monde où l’image physique et la performance sportive occupent une place centrale, il n’est pas surprenant que des troubles liés à l’exercice physique excessif se manifestent de plus en plus. La bigorexie en est un exemple frappant.
Bien qu’elle ne soit pas aussi largement reconnue que des troubles comme l’anorexie ou la boulimie, la bigorexie représente une véritable menace pour la santé mentale et physique des individus qui en sont atteints. Elle se caractérise par une obsession pour l’exercice physique, au point qu’il devient une priorité absolue, souvent au détriment de la vie sociale, de la santé mentale et de l’équilibre général du corps.
Dans cet article, nous allons examiner de près ce qu’est la bigorexie, qui peut être touché, ses symptômes, ses dangers et les traitements possibles pour cette addiction encore trop souvent sous-estimée. Si vous suspectez que vous ou quelqu’un que vous connaissez pourrait souffrir de ce trouble, il est important de comprendre les signes avant-coureurs et de chercher un traitement adapté.
Qu’est-ce que la bigorexie ?

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Définition de la bigorexie
La bigorexie, parfois appelée "dysmorphie musculaire", est un trouble obsessionnel qui touche la manière dont une personne perçoit son corps et l’exercice physique. Elle se caractérise par une dépendance excessive à l’exercice physique, souvent pour obtenir un corps plus musclé ou pour améliorer la performance sportive.
Ce trouble peut avoir des conséquences graves sur la santé mentale et physique, car il pousse l’individu à surmener son corps, à négliger ses besoins physiques et émotionnels, et à sacrifier d’autres aspects importants de la vie.
La définition clinique de la bigorexie ressemble à celle d’autres troubles obsessionnels-compulsifs. Les personnes qui en souffrent sont généralement extrêmement préoccupées par leur apparence physique, en particulier par la masse musculaire, et cherchent à atteindre des normes irréalistes de perfection physique. Ce phénomène peut se traduire par un entraînement excessif, une alimentation extrêmement restrictive, et un recours aux suppléments alimentaires, parfois même à des substances interdites comme les stéroïdes anabolisants.
Les origines de cette addiction au sport
L’origine de la bigorexie semble souvent liée à des facteurs sociaux, comme la pression pour atteindre une certaine image corporelle ou des attentes irréalistes véhiculées par les réseaux sociaux, la culture du fitness ou l’industrie du bodybuilding. Cependant, il peut aussi y avoir des influences génétiques ou psychologiques sous-jacentes, telles que des troubles de l’estime de soi ou un besoin compulsif de contrôle.
En somme, bien qu’une activité physique modérée soit bénéfique pour la santé, la bigorexie dépasse cette notion de "santé" pour se transformer en une obsession qui devient nuisible.
Qui est touché par la bigorexie ?

Crédit photo : Markus Spiske sur Unsplash
Bien que la bigorexie puisse toucher tout individu, certains profils sont particulièrement vulnérables à ce trouble.
1- Les culturistes et pratiquants de musculation
Les bodybuilders, en particulier ceux qui se lancent dans des compétitions de culturisme, sont souvent les plus exposés à la bigorexie. L’accent mis sur l’augmentation de la masse musculaire et la recherche de la perfection corporelle conduit parfois à des comportements excessifs. Ces athlètes peuvent être obsédés par des entraînements longs et intenses, accompagnés de régimes alimentaires très stricts et de l’usage de suppléments ou de produits pour augmenter la masse musculaire. Bien que l’entraînement intensif fasse partie de leur routine professionnelle, certains vont au-delà des limites physiques pour atteindre un idéal irréaliste.
2- Les jeunes adultes et adolescents
L’adolescence et le début de l’âge adulte sont des périodes charnières où l’on cherche à définir son identité et où l’on devient particulièrement vulnérable aux influences extérieures. Dans un monde où l’image corporelle est constamment valorisée, les jeunes peuvent être influencés par les standards imposés par les réseeaux sociaux et les stars du fitness. L’adoption de comportements extrêmes pour atteindre une silhouette idéalisée est donc fréquente.
3- Les femmes et hommes dans un environnement de pression sociale
Bien que la bigorexie soit souvent perçue comme un trouble affectant principalement les hommes, elle touche également de plus en plus de femmes, en particulier dans un contexte où l’apparence physique est de plus en plus valorisée. Les normes sociales, la pression médiatique et les modèles corporels véhiculés par les réseaux sociaux jouent un rôle clé dans la tendance à vouloir transformer son corps, parfois au prix de comportements destructeurs.
4- Les personnes ayant des troubles de l'image corporelle
La bigorexie est étroitement liée à d’autres troubles de l’image corporelle, comme la dysmorphie corporelle. Les personnes qui ont une mauvaise perception de leur propre corps, qui se jugent constamment et qui cherchent à "améliorer" leur physique de manière extrême, sont également plus susceptibles de développer ce trouble. Ces individus ressentent un besoin de perfection, souvent à des fins d’acceptation sociale ou personnelle.
Quels sont les symptômes révélateurs de la bigorexie ?

Photo de Mark Adriane sur Unsplash
Les symptômes de la bigorexie peuvent se manifester de diverses manières, mais certains signes sont particulièrement révélateurs de cette addiction au sport. Voici les 10 symptômes les plus courants :
1- Un besoin constant de faire de l’exercice, même en cas de fatigue ou de douleur
Les personnes atteintes de bigorexie continuent de s’entraîner, même si elles sont fatiguées, blessées ou épuisées. Ce comportement est souvent motivé par un sentiment de culpabilité ou de honte si elles ne respectent pas leur routine d’entraînement.
2- Une obsession pour les résultats physiques
Une personne souffrant de bigorexie peut avoir une fixation démesurée sur ses progrès physiques, mesurant constamment la croissance musculaire ou la perte de graisse, parfois à l’aide de miroirs ou de photos. L’objectif n’est pas seulement d’être en bonne santé, mais d’atteindre un idéal qui n’est pas nécessairement réaliste.
3- Des séances d’entraînement longues et intensives
Il est fréquent que les individus atteints de bigorexie s’entraînent pendant plusieurs heures, au-delà de ce qui est nécessaire ou recommandé par des experts en santé. Les sessions d’entraînement peuvent devenir un marathon, souvent sur fond de pression interne pour améliorer les résultats.
4- Un sentiment d’euphorie après l’exercice, suivi de la culpabilité en l’absence d’activité physique
De nombreuses personnes ayant la bigorexie décrivent une sorte d’"euphorie post-entraînement" ou de "high", qui peut devenir addictive. Si l’exercice est manqué, une profonde culpabilité ou anxiété peut s’installer.
5- La négligence d’autres aspects de la vie personnelle
Les relations sociales, les études ou le travail peuvent être négligés au profit de l’entraînement. Une personne atteinte de bigorexie pourra annuler des événements sociaux ou des obligations professionnelles pour faire de l’exercice.
6- Des blessures fréquentes dues à l’exercice excessif
L’un des symptômes les plus inquiétants est le fait de persister dans l’entraînement même en cas de douleur ou de blessure. Ce comportement peut conduire à des blessures graves, souvent ignorées ou minimisées par la personne concernée.
7- L’anxiété ou l’irritabilité en cas d’interruption des séances d’exercice
Lorsqu’une personne atteinte de bigorexie ne peut pas s’entraîner, elle peut devenir très anxieuse, voire déprimée. Cela peut être dû à la peur de perdre ses progrès ou simplement à un besoin irrationnel de faire de l’exercice.
8- Une mauvaise image corporelle malgré des résultats physiques positifs
Les individus atteints de bigorexie peuvent ne jamais être satisfaits de leur corps, peu importe combien ils progressent. Leur perception de leur apparence est souvent déformée, et ils se concentrent sur des aspects qu’ils considèrent comme "insuffisants" ou "imperfection".
9- Des troubles alimentaires, tels que la restriction alimentaire ou la consommation excessive de suppléments
Un régime alimentaire strict est souvent mis en place pour soutenir l’exercice excessif, pouvant conduire à des troubles comme la restriction alimentaire, la boulimie, ou une dépendance aux suppléments alimentaires, parfois même à des substances non réglementées comme les stéroïdes anabolisants.
10- Un désintérêt pour les autres activités non liées au sport
Les loisirs non liés au sport sont souvent délaissés. L’individu se concentre uniquement sur l’entraînement et abandonne d’autres passions, réduisant considérablement sa qualité de vie et ses interactions sociales.
Quels sont les dangers de la bigorexie ?

Photo de Alex Sheldon sur Unsplash
La bigorexie n’est pas sans conséquences. Son impact sur la santé est à la fois physique et psychologique.
1- Des blessures musculaires et articulaires
L’exercice excessif, notamment sans récupération adéquate, peut entraîner des blessures graves. Les muscles, les tendons et les articulations sont particulièrement vulnérables en cas de surmenage, ce qui peut aboutir à des blessures chroniques.
2- Troubles alimentaires et troubles digestifs
La bigorexie est souvent accompagnée de régimes alimentaires restrictifs, voire de comportements alimentaires désordonnés. Les troubles alimentaires, tels que l’anorexie ou la boulimie, peuvent en découler, tout comme des troubles digestifs, le métabolisme étant perturbé par une alimentation déséquilibrée.
3- Troubles hormonaux
Un entraînement excessif sans repos adéquat peut provoquer des déséquilibres hormonaux, notamment une baisse des niveaux de testostérone chez les hommes ou des déséquilibres menstruels chez les femmes. Ces troubles hormonaux peuvent affecter la fertilité et la santé générale.
4- Troubles psychologiques
L’anxiété, la dépression et les troubles obsessionnels-compulsifs sont fréquents chez les personnes atteintes de bigorexie. L’obsession pour l’exercice peut devenir un mécanisme d’évasion, où la personne utilise l’activité physique pour éviter de faire face à des problèmes émotionnels sous-jacents.
5- Isolement social
L’addiction à l’exercice conduit souvent à l’isolement social. Les relations avec la famille, les amis et les collègues peuvent en pâtir, car la personne se concentre exclusivement sur ses séances d’entraînement.
Quels traitements pour soigner la bigorexie ?

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Heureusement, la bigorexie peut être traitée avec une approche adéquate. Voici quelques solutions possibles :
1- Thérapie cognitivo-comportementale (TCC)
La TCC est l’un des traitements les plus efficaces pour traiter la bigorexie. Elle aide les individus à identifier et à changer les pensées et comportements malsains associés à leur addiction à l’exercice.
2- Conseils nutritionnels
Travailler avec un nutritionniste spécialisé peut permettre de rétablir un équilibre alimentaire et de lutter contre les comportements alimentaires extrêmes. Un programme alimentaire plus flexible et moins restrictif peut aider à améliorer l’estime de soi et à réduire l’obsession alimentaire.
3 - Équilibre dans l’entraînement
Un coach sportif spécialisé peut aider à créer un programme d’entraînement équilibré, qui intègre des périodes de repos et de récupération, tout en favorisant des objectifs réalistes et sains.
4- Médication
Parfois, des médicaments peuvent être prescrits pour traiter l’anxiété ou la dépression associée à la bigorexie. Ces médicaments peuvent aider à atténuer les symptômes psychologiques sous-jacents et à faciliter la thérapie.
5- Groupes de soutien
Participer à des groupes de soutien ou à des thérapies de groupe peut permettre à ceux qui souffrent de bigorexie de partager leurs expériences et de se sentir compris. Cela peut aider à réduire l’isolement social et à renforcer l’engagement dans le traitement.
Conclusion

Photo de LOGAN WEAVER | @LGNWVR sur Unsplash
La bigorexie est un trouble complexe qui nécessite une prise en charge sérieuse et multidisciplinaire. Bien que l’exercice physique soit fondamental pour une bonne santé, lorsqu’il devient une obsession, il peut entraîner des conséquences dramatiques.
En reconnaissant les signes et en recherchant un traitement approprié, il est possible de surmonter cette addiction et de rétablir un équilibre sain dans la vie. Si vous êtes concerné ou connaissez quelqu’un qui l’est, il est essentiel de demander de l’aide et de ne pas sous-estimer l’impact que ce trouble peut avoir.