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Imaginez être sur une balançoire émotionnelle, oscillant entre des moments de légère tristesse et des épisodes de joie intense. C'est un peu ça, le quotidien avec le trouble cyclothymique. Moins extrême que le grand huit émotionnel du trouble bipolaire, mais suffisamment perturbant pour affecter significativement la qualité de vie. Ce trouble de l'humeur met du temps à être correctement identifié, retardant ainsi le chemin vers un accompagnement adapté. Dans ce guide, nous allons décortiquer ce qu'est précisément le trouble cyclothymique, premièrement en le définissant et en expliquant les symptômes qui le composent. Nous explorerons ensemble les possibles causes et facteurs de risque, les étapes pour le diagnostiquer et les traitements à disposition. Nous évoquerons également la dimension masculine de ce trouble, qui peut complexifier la reconnaissance des symptômes et l'acceptation de l'aide nécessaire.
Comprendre la cyclothymie
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Définition et différences avec le trouble bipolaire
La cyclothymie est une forme moins intense du trouble bipolaire. Pour simplifier au maximum, la cyclothymie se caractérise par des variations rapides et importantes de l’humeur. On observe d’un côté les symptômes de dépression (baisse importante de l’humeur) et d’autre part, les symptômes d’hypomanie (augmentation importante de l’humeur). Si cela vous paraît peu clair, ne vous inquiétez pas, nous allons mieux expliquer les deux termes dans la partie suivante. La personne souffrant de cyclothymie va expérimenter une alternance de phases avec des symptômes de dépression et de phases avec des symptômes d’hypomanie. La cyclothymie est un trouble invalidant qui va perturber la qualité de vie de la personne et qui nécessite une prise en charge adaptée. Mais alors, concrètement, c’est quoi la différence entre un trouble bipolaire et la cyclothymie ? Eh bien c’est l’intensité des symptômes tout simplement. Dans le cas de la cyclothymie, les symptômes sont moins intenses et moins nombreux. Dans le trouble bipolaire, on peut parler d’épisodes dépressifs et d’épisodes hypomaniaques. Dans le cas de la cyclothymie, ces symptômes sont bien présents, mais ils ne sont pas assez importants pour parler de “phases dépressives” ou de “phases d’hypomanie”.
Impact sur la vie quotidienne
Comme vous pouvez vous en douter, avoir une humeur instable et changeante impacte de façon importante la vie quotidienne. Les personnes atteintes de cyclothymie doivent gérer les phases de “up” et “down” au quotidien, ce qui représente une souffrance importante. Mais on peut aussi noter d’importantes perturbations au niveau social, professionnel, familial, ou encore sentimental. Les relations avec les autres sont souvent difficiles et sources de conflits. Gérer ses troubles de l'humeur peut aussi interférer au niveau professionnel, perturbant la performance et la qualité de vie au travail. Je pense que vous voyez là où je veux en venir. Le trouble cyclothymique est une épreuve, qui, faute de diagnostic et de traitement approprié, peut éroder significativement le bien-être.
Symptômes du trouble cyclothymique
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Les phases d’élévation de l’humeur
Vous pourriez me dire : “si j’ai des phases de ma vie ou mon humeur est plus élevée, où est le problème ? C’est plutôt une bonne chose, non ?”. Eh bien, il est vrai que ce moment est souvent très agréable pour la personne qui vit cette phase. Durant cette période, on constate souvent une augmentation de la libido, une extraversion très forte, un besoin de sommeil qui est beaucoup moins important (certaines personnes peuvent se sentir reposées après seulement 3 heures de sommeil). Ces périodes peuvent durer de quelques jours à quelques semaines, et sont souvent perçues comme un souffle bienvenu par la personne concernée, ainsi que par son entourage. La créativité est augmentée, ainsi que le rythme des idées et l’estime de soi. Cependant, cette période vient souvent avec son lot de risques. En effet, le problème c’est que cet état où l'on se sent vraiment bien est très désinhibant, ce qui peut amener à beaucoup de problèmes dans sa vie quotidienne. Par exemple, une personne peut avoir des comportements à risque ou impulsifs, tels que décider de divorcer, dépenser de grosses sommes d’argent, avoir des relations sexuelles non protégées, etc. Dans les cas les plus graves, pour protéger la personne, une hospitalisation peut être nécessaire (on sera alors dans le cadre d’un trouble bipolaire, plus grave que la cyclothymie).
Les phases de baisse de l'humeur
Cependant, l'ascenseur émotionnel du trouble cyclothymique ne monte pas seulement : il descend aussi, pendant dans des phases de baisse de l'humeur où la personne se sent enveloppée d'une tristesse, d'une fatigue, d'un découragement et d'un pessimisme qui la tirent vers le bas. Imaginez vous perdant l'intérêt, la motivation, le plaisir au quotidien, luttant pour vous concentrer, prendre des décisions, se rappeler des choses ou même dormir. Vous vous retrouvez à douter de votre valeur, à vous sentir coupable, inutile, indigne ou désespéré. Ces périodes peuvent durer de quelques jours à quelques semaines, et souvent, elles sont une source de douleur non seulement pour la personne souffrante mais aussi pour son entourage. Il est à noter que dans le cas de la cyclothymie, l’alternance des phases de “up” et “down” sont est souvent beaucoup plus rapide que dans le cas du trouble bipolaire. Les phases de “down” peuvent aboutir à un retrait, un isolement, un abandon des gestes de soin envers . Dans les cas les plus graves, on constate non seulement des idées noires, mais aussi des pensées et parfois des actes suicidaires. Dans ce cas, une hospitalisation peut être nécessaire.
Causes et facteurs de risque
Photo de Ani Kolleshi sur Unsplash
Facteurs génétiques et biologiques
Dans le cas des troubles psys, il est souvent très difficile de savoir ce qui est à l’origine de la pathologie. Dans le cas d’une maladie, il peut y avoir une cause unique, comme un virus. Ce n’est pas le cas des troubles mentaux, qui sont généralement dus à des facteurs biologiques, psychologiques et sociaux. On peut néanmoins émettre des hypothèses concernant les différentes causes de la cyclothymie.
La cyclothymie pourrait avoir une origine biologique et génétique importante. Chez les patients atteints de ce trouble, on retrouve le plus fréquemment d’autres membres de la famille ayant eux-même une cyclothymie, un trouble bipolaire ou un autre trouble de l’humeur tel que la dépression. Bien entendu, avoir un membre de sa famille qui présente une cyclothymie ne signifie pas que vous avez vous-même une cyclothymie. Il s’agit toutefois d’un facteur de risque bien documenté. Certains scientifiques parlent même de tempérament cyclothymique. Ce type de tempérament serait une caractéristique biologique qui prédisposerait au développement d’un trouble cyclothymique.
Facteurs environnementaux et psychosociaux
Même si l’origine de la cyclothymie semble globalement être déterminée par des aspects génétiques et biologiques, l’importance des facteurs environnementaux et psychosociaux n’est pas non plus à négliger. En effet, les personnes présentant une vulnérabilité à la cyclothymie peuvent voir leur état s’aggraver si leur vie quotidienne est marquée par de l’instabilité ou une mauvaise hygiène de vie. Les personnes ayant quant à elles un bon soutien social, un environnement plus stable et une hygiène de vie correcte sont plus à même d’avoir moins de symptômes du trouble cyclothymique et une meilleure qualité de vie.
Diagnostic du trouble cyclothymique
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Critères de diagnostic selon le DSM-5
Le DSM-5, qui est un peu la “bible des troubles mentaux,” fournit des critères précis pour le diagnostic du trouble cyclothymique, dont les principaux sont les suivants : - Une période de 2 ans pendant laquelle des symptômes hypomaniaques et dépressifs sont réunis sans que les critères de l'un ou l'autre soient réunis. En d’autres termes, il y a bien des symptômes, mais ils ne sont pas assez intenses pour parler d’épisode dépressif ou d’épisode hypomaniaque à proprement parler, comme dans le trouble bipolaire. - Durant la période ci-dessus les périodes hypomaniaques ou dépressives étaient présentes plus de la moitié du temps et il ne s'est pas déroulé plus de 2 mois sans symptômes. Pour clarifier, la cyclothymie est un trouble chronique qui reste présent la majorité du temps. Il peut y avoir des périodes ou il n’y a pas de symptômes, mais ces périodes durent moins de deux mois. - Les symptômes entraînent une souffrance importante et significative.
Différenciation avec d'autres troubles de l'humeur
Différencier le trouble cyclothymique des autres troubles nécessite acuité et finesse : - Le trouble bipolaire de type I ou II. La différence principale entre le trouble bipolaire et la cyclothymie est que dans la cyclothymie les critères de l’épisode hypomaniaque et de l’épisode dépressif ne sont jamais remplis. A partir du moment où ces critères sont remplis, on ne peut plus parler de cyclothymie. - Le trouble de la personnalité borderline. Il y a effectivement des variations d’humeur importantes dans le cadre du trouble bipolaire. Quand les symptômes du trouble bipolaire sont eux-aussi présents, on peut diagnostiquer les deux troubles.
Masculinité et trouble cyclothymique
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Opposition de normes sociales
La masculinité, profondément ancrée dans notre société, dessine les contours, les normes, et les attentes de ce que c'est que d'être un homme aujourd'hui. Cette notion complexe influence non seulement la façon dont les hommes se voient eux-mêmes mais aussi comment ils expriment et gèrent leurs émotions au jour le jour. Plus encore, la masculinité peut avoir un impact significatif sur la santé mentale des hommes, en particulier en relation avec le trouble cyclothymique. La masculinité traditionnelle, avec ses piliers tels que la force, la compétition, l'autonomie, la rationalité, et le contrôle de soi, peut entrer en collision frontale avec les manifestations du trouble cyclothymique. En effet, la cyclothymie, caractérisée par des alternances d'humeur, et une difficulté à réguler ses émotions, ne s'aligne pas facilement sur le modèle masculin traditionnel.
Conséquences graves
Cet état de fait peut conduire les hommes vivant avec ce trouble à une acceptation difficile de leur état, à une réticence à identifier ou verbaliser leurs besoins, à une gestion compliquée de leurs émotions, et à un défi majeur : celui de demander de l'aide.
Cette complexe interaction entre masculinité et trouble cyclothymique peut, hélas, mener à un retard dans le diagnostic et le traitement, exacerbant ainsi le risque de complications sévères : addictions, problèmes relationnels, professionnels, financiers, voire tentatives de suicide. Il est donc impératif d'élever la conscience collective sur la réalité du trouble cyclothymique au masculin, de pousser les hommes vers la consultation de professionnels de la santé mentale, de leur proposer des solutions de soin respectueuses de leurs individualités, et de les entourer d'un support social et émotionnel de bonne qualité.
Traitements disponibles
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Traitements médicamenteux
Les traitements médicamenteux visent à stabiliser l'humeur et à prévenir les rechutes des symptômes du trouble cyclothymique. Sans un traitement médicamenteux adapté, il est très difficile, pour ne pas dire impossible, de bien vivre avec la cyclothymie. N’hésitez donc surtout pas à consulter un psychiatre si vous êtes atteint de ce trouble. Les médicaments les plus utilisés sont les thymorégulateurs, ou stabilisateurs de l’humeur, tel que le lithium (rien à voir avec les batteries). Certains antipsychotiques atypiques peuvent être utilisés pour combattre les symptômes d’hypomanie. De même, plusieurs antidépresseurs peuvent être aussi prescrits pour traiter les symptômes d’anxiété et de dépressions. Il est à noter que la prise d’antidépresseur chez les patients souffrant de trouble bipolaire ou de cyclothymie peut provoquer une phase de manie ou d'hypomanie. Bien entendu, il est illégal et formellement déconseillé de s'automédicamenter quand on est atteint d’un trouble de l’humeur. Les médicaments pour le traitement de la cyclothymie sont délivrés sur ordonnance uniquement. Il est conseillé de se faire accompagner par un médecin psychiatre qui sera le plus à même de vous prescrire un traitement efficace avec le moins d’effets secondaires possibles.
Psychothérapies et gestion du mode de vie et soutien social
Les psychothérapies complètent les traitements médicamenteux en aidant les personnes atteintes de trouble cyclothymique à mieux comprendre et gérer leur trouble. Les thérapies les plus efficaces sont les thérapies cognitives et comportementales (TCC). Les TCC ne soignent pas à proprement parler la cyclothymie, mais permettent de stabiliser au maximum les variations de l’humeur du patient. Comme dans le cas des troubles bipolaires, le but est de privilégier des activités calmes lors des phases de “up” et de faire des activités plaisantes lors des phases de “down”. L’objectif est de pouvoir lisser au maximum l’humeur afin de minorer les symptômes de la cyclothymie. Cela passe notamment par une bonne gestion du mode de vie (voir paragraphe suivant).
La gestion du mode de vie et le soutien social sont des éléments essentiels pour le bien-être des personnes atteintes de trouble cyclothymique. Il est important de maintenir une hygiène de vie saine, qui favorise la stabilité de l'humeur. Cela implique de respecter un horaire de sommeil régulier, de manger équilibré, de faire de l'exercice physique, et de limiter la consommation d'alcool, de caféine et de drogues. Il est également important de se faire accompagner par des professionnels de la santé mentale, qui peuvent proposer un suivi médical et psychologique adapté, et de s'entourer de personnes de confiance, qui peuvent offrir une écoute, un soutien et une aide en cas de besoin.
Conclusion
Photo de Artur Aldyrkhanov sur Unsplash
Le trouble cyclothymique se traduit par une alternance rapide de phases de symptômes dépressifs et de phases de symptômes hypomaniaques. La cyclothymie, c’est aussi un impact significatif sur la qualité de vie de la personne concernée, que ce soit sur le plan professionnel, social, sentimental, etc.
Les causes de ce trouble sont variées, mêlant génétique, facteurs biologiques, influences environnementales et interactions sociales. Le diagnostic de la cyclothymie doit se faire par un psychiatre et se base sur des critères très précis.
Le chemin vers la stabilisation du trouble peut intégrer tout un panel de traitements – médicaments et psychothérapies se conjuguant avec le développement d’un mode de vie équilibré et un bon soutien social et affectif.
Pour les hommes, ce voyage peut se heurter à des obstacles particuliers. Les normes de masculinité peuvent parfois rendre difficile l'acceptation de leurs propres fragilités, compliquant l'admission de leurs difficultés et la recherche d'aide.
Si le trouble cyclothymique vous touche, franchir la porte d'un professionnel de la santé mentale peut être la clé d'une vie plus apaisée et équilibrée, vous permettant de naviguer plus sereinement à travers les méandres émotionnels de la cyclothymie.