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Les 5 phases de la dépression

Marc Dugenie - Psychologue Clinicien

Auteur : Marc Dugenie

Psychologue Clinicien

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10 min

19 mars 2024

Les 5 phases de la dépression

📕 Définition : "Dépression"

La dépression est une pathologie mentale caractérisée par une perte persistante de la motivation globale. Cette perte d'intérêt impacte l'ensemble des activités du quotidien mais aussi la capacité à se projeter dans le futur de manière positive. Un sentiment de tristesse écrasante est ressenti de manière presque continue.

Les symptômes de la dépression doivent être ressentis depuis plus de deux semaines pour que celle-ci soit caractérisée comme telle.

Si la dépression n'est pas traitée et qu'elle s'installe dans la durée elle peut avoir des répercussions physiques avec les symptômes suivants : diminution de l'appétit, perturbation du sommeil, difficultés de concentration par exemple. À l'extrême elle peut générer des pensées suicidaires avec parfois des passages à l'acte. C'est donc un sujet à prendre très au sérieux.

Les 5 phases de la dépression

Les 5 phases de la dépression

Photo de Frank Eiffert sur Unsplash

Bien qu’il n’existe cliniquement pas 5 phases clairement définies dans la dépression, la plupart des individus en dépression ou ayant vécu une dépression se reconnaissent dans les cinq phases suivantes.

Ces phases ne sont pas purement mécaniques, on ne passe pas de l’une à l’autre du jour au lendemain. C’est un changement qui se fait petit à petit, comme pour beaucoup de choses lorsqu’on parle de l’être humain. Il est même possible de passer de la phase deux à la phase 3 puis de revenir quelque temps dans la phase 2 avant de repasser à la phase 3.

Il est tout à fait possible de vivre une dépression sans vivre l’une de ces 5 phases. Il est possible également que leur ordre soit différent pour certains individus. Aucune de ces phases n’est obligatoire pour pouvoir diagnostiquer une dépression.

👉 Phase 1 : le découragement

Dans la première des 5 phases de la dépression, l’individu ressent une forme de découragement général.

 

La personne ne parvient plus à faire certaines choses qu’elle parvenait à faire auparavant avec un peu de volonté. Elle ne ressent plus avoir les ressources nécessaires en elle pour affronter ces tâches. Ainsi, elle va commencer à se juger, se critiquer et tomber dans le cercle vicieux de la dépression.

Cette phase peut être déclenchée par un évènement tel que le décès d’un proche, un licenciement ou encore une rupture amoureuse. Elle peut aussi provenir d’un sentiment plus diffus de perte de sens et de mal-être.

Le découragement peut survenir chez tout le monde. Seulement, chez les personnes dites « normales » au sens statistique du terme, cette période ne dure pas. Lorsque le découragement dure depuis plus de deux semaines, il devient important d’aller consulter un psychologue.

Plus la dépression sera prise tôt en charge, plus il sera facile de s’en sortir. N’attendez pas de vous empêtrer dans le sable mouvant de la dépression pour vous faire aider. Si vous doutez, consultez un psychologue.

👉 Phase 2 : envie de rien

Dans la seconde des 5 phases de la dépression, la capacité à agir et à faire des choses devient encore plus faible. Si dans la première phase il devenait impossible d’effectuer des tâches jugées difficiles, mais importantes comme de changer ses pneus neige, ici même des tâches plus simples sont difficiles à réaliser comme d’acheter un cadeau pour l’anniversaire de son ami.

Ce n’est pas une question de motivation, l’individu peut réellement avoir envie d’acheter un cadeau, mais pour autant il n’en sera pas capable. La pathologie l’empêche de passer à l’action.

L’individu n’a plus envie de rien dire, faire, être, ou vivre, il n’en voit plus l’utilité. Il se dit « à quoi bon ? » ou « est-ce que ça en vaut vraiment la peine ? ». Puisqu’il ne fait presque plus rien, l’individu va se désengager des activités sociales et commencer à perdre le lien avec ses proches.

Même des passions ou activités qui étaient de réelles sources de plaisir paraissent aujourd’hui fades si elles sont effectuées et souvent elles ne sont déjà plus effectuées dans cette phase de la dépression.

L’individu n’a plus de projets, ne pense plus à l’avenir si ce n’est de manière négative, le sentiment de tristesse est présent très fréquemment.

👉 Phase 3 : les troubles de l’appétit ou du sommeil

Dans la troisième des 5 phases de la dépression, les troubles de l’appétit et du sommeil s’intensifient. En réalité, ils sont présents depuis le début de la dépression, mais se font ressentir plus fortement, ayant un impact important sur la santé globale de l’individu.

L’heure du coucher se fait plus tard qu’à l’habitude, la personne peut souffrir d’insomnie ou ne jamais réussir à se rendormir lorsqu’elle se réveille tôt le matin. Son sommeil est de bien moins bonne qualité et donc moins réparateur. C’est l’un des éléments qui cause le manque d’envie au quotidien. Voici la comparaison entre l’hypnogramme d’un individu normal (à gauche) et d’un individu dépressif (à droite).

On constate que l’individu normal effectue une nuit composée de cycles classiques alors que celle de l’individu dépressif est bien plus hachurée avec notamment de nombreuses phases d’éveil ou d’un état proche de l’éveil. Il est aussi important de noter que le SP (sommeil profond) est beaucoup plus hachuré chez la personne dépressive. Pourtant, ce sommeil est primordial pour la récupération et le repos du corps.

En ce qui concerne l’alimentation, la personne en dépression va soit pouvoir prendre soit perdre du poids. En effet, elle ne s’alimente plus que très peu ou alors beaucoup et avec de la nourriture de mauvaise qualité. Elle ne prend plus soin d’elle et son corps en souffre.

Le manque de sommeil et le sommeil peu réparateur couplé à une mauvaise alimentation peuvent causer d’autres problèmes physiques chez la personne en dépression. Plus la période de dépression sera longue, plus la chance de survenue d’autres troubles physiques est importante.

👉 Phase 4 : l’incapacité à se gérer

Dans la quatrième des 5 phases de la dépression, l’amotivation et l’apathie de la personne se font encore davantage ressentir.

 

Elle n’est plus capable de s’occuper d’elle correctement. Elle ne se lave plus beaucoup, son hygiène globale se détériore. Se lever le matin demande un effort incroyable, la personne passe des heures et des heures au lit.

Elle culpabilise de ne pas être capable de s’occuper d’elle correctement. Ses attentes et exigences envers elle-même ne sont pas remplies puisqu’elle se sent incapable de les remplir. Tout ceci baisse l’estime de soi de l’individu qui a déjà nettement chuté. 

 

À ce stade l’isolement se renforce, la personne ne souhaite plus voir personne et ne veut être vu par personne dans cet état.

👉 Phase 5 : la crise suicidaire

La dernière des 5 phases de la dépression consiste en une augmentation des idées noires et de l’envie de finir ses jours.

 

À ce stade on caractérise la dépression de sévère. La personne souffre chaque jour de sa vie et n’a plus aucun espoir de s’en sortir. Elle ne voit plus aucune autre porte de sortie de l’état dans lequel elle se trouve que le suicide.

Lorsque l’individu a déjà réfléchi à la manière de se suicider, à la date et à l’endroit, c’est que la menace est très élevée. En tant que proche vous vous devez d’agir, prévenez son médecin et traitant (déjà avant d’en arriver à ce stade) et en cas de menace imminente appelez le 15.

Si vous souhaitez vous former pour être capable de mieux savoir réagir aux troubles de santé mentale dans votre entourage ou même dans la vie de tous les jours, je vous recommande les formations PSSM : Premiers services de soin en santé mentale. https://www.pssmfrance.fr/

Vous apprendrez à identifier les troubles de santé mentale présents autour de vous, à aller vers ces personnes pour leur en parler et savoir comment leur parler pour les inviter à aller consulter un professionnel de santé.

Comparaison phases de sommeil individu normal et dépressif

2 phases supplémentaires

2 phases supplémentaires de la dépression

Photo de Jakob Owens sur Unsplash

Les 5 phases de la dépression présentées précédemment correspondent à la dépression en tant que telle. Mais dans le schéma de vie d’une personne atteinte de dépression, nous pouvons rajouter deux phases que sont la rémission et la rechute.

La rémission de la dépression

L’individu a entamé une psychothérapie depuis plusieurs semaines/mois et parvient à présent à être moins dur envers elle-même. Ainsi, son estime d’elle-même remonte et l’aide à passer à l’action.

De nombreuses discussions ont été menées sur le sens de la vie. L’individu a pu retrouver un sens à sa vie, chemine vers une direction claire et est même capable de se fixer des objectifs. Elle a pu renouer contact avec les liens qui étaient perdus ou qui s’étaient affaiblis.

Enfin, elle pratique la méditation de pleine conscience pour éviter la rechute, car elle sait qu’à présent elle est une personne à risque de faire à nouveau une dépression.

La rechute dépressive

Une fois que l’on a fait une première dépression, les risques de rechute sont plus importants que la moyenne.

 

C’est comme si un chemin avait été défriché et que notre cerveau pouvait à nouveau se retrouver par mégarde dans ce chemin.

D’où l’importance si votre psychiatre vous a prescrit des antidépresseurs de prendre ces médicaments ou encore de pratiquer la pleine conscience pour prévenir la dépression en suivant par exemple le programme MBCT.

Plus globalement il est important de prendre soin de votre santé et de votre santé mentale pour éviter la rechute. Essayez autant que possible d’éviter des périodes de stress trop intense. Songez à faire des cures de vitamine D en hiver ou encore de magnésium. La dépression hivernale est un vrai phénomène, pendant cette période les risques de dépression sont accrus.

Les symptômes de la dépression

Les symptômes de la dépression

Photo de tommao wang sur Unsplash

Il faut distinguer la déprime passagère de l'épisode dépressif caractérisé. Pour le deuxième cas (celui qu'on appelle couramment la dépression), les symptômes doivent être ressenti tous les jours et ce pendant au minimum 2 semaines.

 

Ils diffèrent d'une personne à l'autre mais on doit en retenir au moins 5 parmi les suivants :

- Un manque d'intérêt et de plaisir pour les activités quotidiennes et les passe-temps habituellement appréciés, qui persiste toute la journée et se manifeste presque quotidiennement.

- Une diminution de l'estime de soi, un sentiment d'inutilité et une culpabilité excessive et injustifiée.

- Des signes de ralentissement ou d'agitation psychomotrice, c'est à dire des niveaux d'activité physique ou mentale qui varient fortement, de l'hyperactivité ou excitation à une forme d'apathie.

- Une tristesse persistante et une humeur dépressive, présente la plupart du temps pendant au moins deux semaines, parfois accompagnée de pleurs.


- Une fatigue persistante et une sensation de manque d'énergie, qui ne s'améliorent pas avec le repos.

- Une vision pessimiste de l'avenir et de la vie en général, associée à des pensées sur la mort et parfois sur le suicide. 


- Des fluctuations de poids significatives sur une courte période, avec une augmentation ou une diminution de l'appétit, pouvant conduire à un gain ou une perte de poids notable.


- Des perturbations du sommeil, caractérisées par un sommeil non réparateur, des réveils précoces, des difficultés à s'endormir ou, au contraire, une envie de dormir excessive.


- Des difficultés de concentration, de prise de décision, de mémorisation et d'attention.

Durée, rechute et traitements

Durée, rechute et traitements

La durée du premier épisode dépressif varie de quelques semaines à plusieurs mois sans prise en charge, la plupart se résolvant en moins de 6 mois. Dans certains cas la dépression peut disparaître mais cela reste très peu fréquent, le taux de récurrence étant en effet de 80 %.

En général les récidives dépressives se produisent avec des intervalles de temps de plus en plus courts entre les périodes de rémission. On entre alors dans la dépression sévère.

 

La bonne nouvelle est qu'aujourd'hui la dépression se traite bien. Différentes approches existent : traitements médicamenteux, psychothérapie étant les principales. Elles sont souvent complémentaires et à déterminer au cas par cas par votre praticien référent.

Masculinité et dépression

Masculinité et dépression

Photo de Lucas Sankey sur Unsplash

La dépression touche 3,8% de la population globale, mais lorsqu’on s’intéresse uniquement aux adultes ce pourcentage monte à 5%. Parmi les adultes la dépression touche 4% des hommes et 6% des femmes.

En effet, en termes de personnalité les femmes ayant un névrosisme légèrement plus élevé (instabilité émotionnelle) elles ont légèrement plus de chances d’être touchées par la dépression que les hommes.

Toutefois, toujours en termes de personnalité, les hommes ayant de plus hauts traits d’impulsivité, ils vivent généralement des dépressions plus graves que ne peuvent en vivre les femmes. Le risque de passage à l’acte est plus élevé au sein de la gente masculine.

Enfin, les femmes ont plus tendance que les hommes à recourir à une technique forte aidante en cas de dépression : le soutien social.

 

La dépression tend à nous faire nous replier sur nous-mêmes comme nous l’avons vu. Pourtant, lorsque les femmes vont mal elles ont généralement moins de mal que les hommes à en parler et à rechercher du soutien parmi des proches.

À l’inverse, les hommes ont plus tendance à ne pas montrer leurs vulnérabilités et à tout garder pour eux de peur de pouvoir paraître faibles. Paradoxalement, puisque les hommes n’ont pas le courage de se montrer vulnérables, ils vont devenir encore plus vulnérables. Messieurs, ayez le courage de votre vulnérabilité !

L'impact de la nutrition et de l'exercice physique

La nutrition et l'exercice physique dans la prévention et le traitement de la dépression

Photo de Brooke Lark sur Unsplash

Une alimentation équilibrée et un exercice physique adapté jouent un rôle clé dans la prévention et le traitement de la dépression.

 

Ils exercent une influence positive sur le cerveau et le bien-être général, en offrant les avantages suivants :

  • Stimulation de la production de neurotransmetteurs tels que la sérotonine, la dopamine et les endorphines, essentiels à la régulation de l'humeur et à la sensation de bien-être.

  • Diminution de l'inflammation du corps, un facteur de risque de la dépression, modulant ainsi le système immunitaire et réduisant le stress oxydatif.

  • Amélioration de la circulation sanguine, essentielle pour l'oxygénation du cerveau et des organes, favorisant la création de nouveaux neurones.

  • Régulation du poids, de la glycémie, du cholestérol et de la tension artérielle, constituant une protection contre diverses maladies liées à la dépression.

  • Renforcement de l'estime de soi, de la confiance, du sentiment de maîtrise et de compétence, cruciaux pour combattre la dépression.

Il est suggéré de suivre une alimentation équilibrée, composée d'aliments frais et naturels, riches en fibres, vitamines, minéraux et antioxydants, et de limiter la consommation d'aliments transformés, sucrés, salés et gras. Il est également conseillé de s'engager dans au moins 150 minutes d'activité physique par semaine, à une intensité modérée, en optant pour des activités agréables, adaptées au niveau de chacun et qui peuvent se partager avec autrui.

Conclusion

Conclusion

Les 5 phases de la dépression sont une reprise du modèle du deuil de Kubler-Ross. Toutefois, c’est une classification qui s’adapte bien à la dépression et que l’on reconnaît dans la plupart des cas bien que tous ne suivent pas exactement les 5 phases.

Les 5 phases de la dépression sont le découragement, le manque d’envie, les troubles de l’appétit ou du sommeil, l’incapacité à se gérer et enfin la menace suicidaire.

À ces 5 phases, nous pouvons rajouter 2 phases qui ne font plus partie du premier épisode dépressif que sont la rémission, notamment à l’aide de la psychothérapie puis la rechute.

Bien que la dépression soit légèrement plus répandue chez les femmes que chez les hommes, elle est souvent plus grave chez ces derniers et peut mener au suicide plus facilement. Si les femmes expérimentent globalement plus de pensées suicidaires que les hommes, en Europe les hommes se suicident (tentative aboutie) à peu près 4x plus que les femmes ! Ces suicides ne sont évidemment pas uniquement dus à la dépression bien que celle-ci ait sa part de responsabilité.

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